Il n’est pas inutile de souffrir, Car la souffrance est un moyen De percevoir les limites de notre sensibilité. Quiconque ne souffre pas, ne peut savoir Ce qu’il est capable d’accepter, de supporter, De subir, d’aimer par exemple. N’est-ce pas souffrir quand on ne sait pas aimer, Quand notre cœur n’est pas entendu Ou ne sait pas vibrer assez fort pour l’être? Le soleil brille, il n’est que luminosité; Aimer le soleil, c’est le respecter, C’est l’approcher avec délicatesse, avec prudence. Le soleil dans toute sa splendeur peut nous réchauffer, Comme il peut de même nous brûler. Ainsi en est l’amour. La nuit, lorsque le monde du jour s’endort, Quand le monde nocturne se réveille, Pour qui veut l’entendre, belle est la nuit, Le printemps pour un cœur sensible, Car seul le silence de la nuit permet d’entendre Ce qu’il nous est offert d’entendre. La nuit, c’est la peur de l’inconnu Et c’est la joie de découvrir toutes les merveilles Occultées le jour. Ainsi en est l’amour. Aimer le jour, c’est banaliser les appels du cœur, Ce n’est plus voir ce que l’on côtoie quotidiennement, C’est confondre les bruits que sont les battements du cœur Avec les bruits de la vie. L’amour en est ainsi banalisé. Il n’offre plus de beauté. Alors, aimer la nuit, c’est entendre les battements d’un cœur, C’est découvrir ces mille frémissements Que l’on n’entend que dans la sérénité, le calme, La libération de soi, C’est s’ouvrir au grand appel du silence, C’est être seul avec soi-même, ses désirs, sa passion, L’enrichissement perpétuel.

Il n’est pas inutile de souffrir, Car la souffrance n’est pas une fin en soi, Mais la lumière éclairant le nuit de notre existence.

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