C'était à la mi-juin 1989...

Quelque chose de très fort m'habitait ce soir-là... Une aspiration à m'offrir au Divin, un élan silencieux qui portait tout mon être ; sans pour autant que cela ne résulte de quoi que ce soit d'extérieur. Je me couche avec cette aspiration, souriant... Juste cet élan.

Et puis durant la nuit je me réveille, dérangé par un engourdissement du bras sur lequel était appuyée ma tête. Je décide donc de me retourner dans le lit pour prendre une position plus confortable et reprendre là où j'en étais resté. Un petit moment passe et je m'aperçois qu'en fait je n'ai pas bougé. Je m'interroge tranquillement car je pressens de quoi il est question, et j'essaie de ne pas m'énerver parce qu'en fait je ne supporte pas les sorties hors du corps. J'essaie donc de bouger encore : rien n'y fait.

Donc j'ouvre les yeux, mais je n'en ai pas. Je suis tel une boule d'énergie dans la chambre, en train pourtant de me regarder dans le lit. Et effectivement : la position du corps n'a pas changé.

Une image m'apparaît : au milieu d'une salle blanche je vois une nonne en train de verser de l'eau claire et pure dans un bassin en marbre blanc. Et puis rapidement l'image ne se dissipe pas mais se voile très légèrement, comme si je regardais cette scène derrière une vitre un peu embuée. Une idée me vient subitement : rejoindre ce personnage là où il se trouve. J'aurais mieux fait de m'abstenir.

D'un seul coup je suis happé dans une sorte de passage. Ce n'est pas un passage extérieur mais quelque chose qui est dans mon corps. Je ressens en effet à nouveau le corps physique mais je ne l'ai pas pleinement réintégré : je suis quelque part au-dedans. Dans ce passage, immédiatement se déploie un mouvement d'énergie immense, tout puissant, et je suis en plein milieu du faisceau de force que je vois monter très haut au-dessus, tel une colonne sans fin de lumière. Je ne saurai décrire avec les mots justes la puissance que je ressens à ce moment-là et qui sincèrement m'impressionne. Ce courant de force est tel que je ne peux lui résister. Il est à la fois toute lumière, étincelant; en même temps il est son car j'entends un son que je ne saurais décrire; et il est aussi mouvement car je sens que tout ce qui se trouve autour de lui est emporté dans son inexorable impulsion. Pendant une ou deux secondes mes yeux physiques s'ouvrent et je vois mon corps bouger de spasmes, comme s'il était traversé par un ouragan des pieds jusqu'à la tête. L'épiderme de mon ventre, de ma poitrine ondule comme si cet ouragan le soulevait en faisant des vagues.

Puis je suis naturellement "attiré" au centre du faisceau qui pour moi fait environ une centaine de mètres de diamètre, et je commence à monter... Sans grand effort puisqu'à vrai dire je n'avais guère le choix.

Je ne suis plus dans mon corps ; l'expérience me fait rapidement comprendre que quelque chose me fait monter à travers les plans subtils. Je vois les divers plans dont nous parlons régulièrement ici, sur le forum, mais avec un champ de vision sur 360 et étendu sur l'infini. En effet, je traverse lentement les plans un à un, en voyant à la fois les détails et l'ensemble (difficile à expliquer). Et toujours dans ce faisceau de lumière...

J'arrive sur un plan où se trouve les hiérarchies que certains ici connaissent, notamment à travers les écrits de DK - en référence à A. Bailey. Sans que le mouvement lent et ascendant ne s'arrête, je vois des milliers d'êtres qui sont tous rassemblés sur un cercle en pierre gravé d'une multitude de symboles sacrés avec en son centre un vide par lequel passe le fameux faisceau en lequel je monte, et plusieurs maîtres autour du faisceau. Et je continue à monter...

Je passe ainsi de nombreux plans, toujours en me demandant ce qui peut bien se passer. Le faisceau est tout aussi puissant qu'au début, il semble ne pas avoir de fin. Par contre mon corps est très très loin.

Et puis l'espace devient toujours plus lumineux, moins "habité" par les multitudes d'êtres qui parsèment les plans. Par contre ce sont de grands êtres, immobiles, que je commence à découvrir. Et je continue à monter, toujours plus haut.

J'arrive enfin sur un plan où tout s'étend à l'infini, intemporel et sans limite aucune. Je "sens" être arrivé au sommet des mondes, un peu comme un alpiniste qui serait parvenu au plus haut sommet que puisse porter la Terre. Le faisceau est toujours là mais sa puissance n'est plus dérangeante. Je suis stabilisé sur ce plan. Il n'y a rien que le silence, l'immobilité; une vastitude de paix. Je vois des galaxies, des mondes, des vastes consciences, de grands êtres, des divinités. Aucun temps, aucun son, aucun mouvement... Il n'y a qu'une conscience vivante, et plus rien au-delà.

Puis quelque chose vient se placer au-dessus de moi, mais je ne vois pas ce dont il s'agit. La sensation que j'ai, un peu ridicule, est celle du plongeur sous-marin qui entre dans une cloche renversée en verre. Je sens qu'il s'agit d'un corps. Je n'en perçois pas la nature mais je sais que ce qui se passe est nécessaire.

Je regarde au-dessus de moi : il n'y a rien. Partout autour il y a des univers entiers, dont le lent mouvement est à peine perceptible et pourtant bien réel. Mais au-dessus il n'y a rien. Rien du tout.

Soudain, pourtant, un passage s'ouvre dans ce "rien". Ce passage n'a pas de forme que je pourrais décrire : ce n'est ni une porte, ni un tunnel, ni quoi que ce soit. C'est comme un rideau qui se lève sur une autre réalité. Derrière cet espace qui s'est ouvert dans ce "rien", je suis face à ce que je ne pourrai jamais décrire de toute ma vie. Quelque chose qui n'est que lumière, qu'énergie, que force, que vie, et bien plus que tout cela à la fois. Je sens une présence transcendante, impersonnelle, d'une vastitude si immense, sans début ni sans fin. Un océan de feu vivant sans limite ni sans âge.

Et tandis que j'entre en résonance avec Cela, je sens que cette Conscience perçoit ma présence et "se tourne" vers moi. Comme si le regard d'un être éternel se dirigeait vers moi. Je sens son attention arriver jusqu'à moi, et le reconnais comme "mon père, mon origine". je perçois en lui l'absolu, et bien plus encore.

Contre toute attente le mouvement d'ascension reprend. Et je traverse lentement ce passage. Je ne vois pas ce qu'il y a au-delà : il n'y a plus rien que Lui. Mais j'entre...

Et soudain j'ouvre les yeux : je suis allongé dans mon lit.

Marc.